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OFI INVEST : L’analyse mensuelle de nos experts

9/4/2025


À la croisée des chemins

Lors du « Libération Day »(1) Donald Trump a mis en oeuvre sa promesse de campagne la plus emblématique : instaurer des droits de douane avec presque la totalité des pays de la planète. La zone Euro, prise dans son ensemble, supporte 20 % de tarifs supplémentaires et la Chine 34 % (en plus de ceux déjà prononcés). Si la méthodologie de calcul est, a minima, questionnable, les résultats ont surpris les marchés par leur ampleur. Les bourses américaines abandonnent presque 15 %, l’Europe retrace ses gains depuis le début de l’année et les taux d’intérêts souverains baissent significativement. Les marchés enjambent la montée d’inflation à court terme, issue des hausses de droits de douane, pour anticiper dès à présent un risque de récession à l’échelle mondiale.

Face au risque de représailles (la Chine a d’ores et déjà annoncé un relèvement de ses tarifs de 34 % également), le risque de basculement dans un scénario noir pour l’économie mondiale est élevé. Toutefois, nous pensons que l’administration américaine partira de ce point de départ pour entamer des cycles de négociations plus larges avec l’ensemble des pays touchés aboutissant à des compromis plus gérables.

Le risque d’un durcissement de Donald Trump n’est pas à exclure, mais une forte baisse de la bourse américaine accompagnée d’une récession aux États-Unis ne servirait pas son électorat avant des élections de mi-mandat. Les perspectives de baisses d’impôts prévues aux États-Unis, les plans de relance en Europe et en Chine pourraient alors redonner des couleurs aux marchés.

Les banques centrales qui s’acheminaient vers la fin de leur cycle de baisse de taux avec deux baisses supplémentaires attendues de part et d’autre de l’Atlantique, pourraient être amenées en cas de risque de récession à accélérer leur assouplissement monétaire. L’inflation n’étant pas issue de pénuries mais de chocs de tarifs a priori temporaires. Il faudra toutefois surveiller dans ce scénario les impacts liés à la désorganisation du commerce mondial.

Coté taux d’intérêt, le mouvement à la baisse a été très rapide, nous conduisant à prendre des profits sur une partie de la surpondération. Cette position reste toutefois une bonne couverture en cas de matérialisation du scénario de récession. Sur le marché du crédit, nous abaissons les curseurs à la neutralité sur le crédit spéculatif à haut rendement dans cet environnement de faible visibilité.

La période qui s’ouvre sera très volatile sur les marchés actions, au gré des déclarations des différents gouvernements. De nouvelles baisses pourront être mises à profit pour se renforcer sur les marchés actions dans le cas où des négociations s’ouvrent pour aboutir à des accords raisonnables. Néanmoins, en cas d’escalade vers une guerre commerciale, les indices pourraient encore nettement chuter, les protections en portefeuille sont donc toujours d’actualité.

(1) Le Jour de la Libération, terme utilisé par Donald Trump pour nommer le 2 avril 2025, journée de l’annonce des nouvelles mesures tarifaires importantes.

NOS VUES AU 04/04/2025

OBLIGATIONS

baromètre obligations
baromètre détaillé obligations

Après les annonces de plans de relance en Europe début mars, ce sont les annonces de droits de douane aux États-Unis qui ont entraîné une correction sur les taux européens et américains. Le Bund est ainsi revenu à 2,50 % à la suite des annonces du président américain. Après la remontée des taux de début mars, nous avions remonté notre curseur sur la duration en zone Euro à 7. La correction récente nous amène maintenant à prendre des profits et à couper de moitié cette exposition tout en restant surpondéré, notamment sur la zone Euro. Les incertitudes qui entourent les éventuelles négociations à venir nous incitent maintenant à plus de prudence. Si le marché se concentre sur les risques de récession, en particulier aux États-Unis, les risques inflationnistes pourront également impacter le niveau des taux. Sur le crédit, nous réduisons également le curseur du crédit spéculatif à haut rendement (« High Yield ») mais le portage offre une protection qui justifie selon nous de rester investi sur la classe d’actifs. Le crédit « Investment Grade », plus défensif, pourra rester surpondéré car il devrait bénéficier d’un appétit pour les actifs les moins risqués dans ce contexte de marché.

ACTIONS

baromètre actions
baromètre détaillé actions

« Liberation Day »(1), c’est violent ! Personne n’est donc épargné. La montée du protectionnisme n’a jamais été favorable aux bénéfices des entreprises et globalement aux marchés actions mais nous ne sommes pas forcément à l’abri de contre-pieds (marque de fabrique du président Trump). Néanmoins, si des négociations sont toujours possibles, les chances de parvenir à des concessions significatives dans les prochains mois semblent assez faibles. Si nous considérons que les tarifs douaniers seront maintenus, il conviendra de réviser les prévisions de profits des entreprises européennes, asiatiques… mais aussi américaines, n’en déplaise à l’administration Trump. C’est pour cette raison que nous ne changeons pas l’alignement de notre curseur des actions européennes sur celui de leurs consoeurs outre-Atlantique. Avec les baisses de 16 % depuis les plus hauts du Nasdaq et du Nikkei, de 11 % du S&P 500 et de 6 % de l’EuroStoxx, la valorisation des marchés actions s’est détendue. Il faudra toutefois attendre la publication des résultats du premier trimestre et surtout les déclarations des chefs d’entreprise en manque de visibilité, pour savoir si ces évaluations sont correctement estimées. Si les incertitudes risquent de persister, et nécessitent une grande humilité, la seule chose que nous pouvons affirmer avec peu de chances de nous tromper est que la volatilité restera de mise et permettra aux investisseurs sous-pondérés en actions de profiter des creux de marchés pour se repositionner.

DEVISES

L’euro-dollar a nettement bénéficié du changement soudain de paradigme budgétaire en Allemagne puis de paradigme commercial aux États-Unis. Dans ce nouveau contexte, nous passons en position neutre sur la parité. Certes, les bonnes nouvelles macroéconomiques en zone Euro sont désormais intégrées. Mais les droits de douane additionnels annoncés sont d’une telle ampleur qu’ils devraient peser plus sur l’économie américaine que les économies partenaires visées, limitant la hausse du dollar malgré le climat élevé d’incertitude.

baromètre détaillé devises

(1) Le Jour de la Libération, terme utilisé par Donald Trump pour nommer le 2 avril 2025, journée de l’annonce des nouvelles mesures tarifaires importantes.

Nos vues sur les classes d’actifs fournissent un cadre de discussion large et prospectif qui sert de guide aux discussions entre les équipes d’investissement d’Ofi Invest Asset Management. L’horizon d’investissement de ces vues est à court terme et peut évoluer à tout moment. Ce cadre ne constitue donc pas une indication pour construire une allocation d’actifs de long terme.

Macroéconomie

LES JEUX SONT FAITS ?

Ombretta SIGNORI, Directrice de la Recherche Macroéconomique et Stratégie - OFI INVEST ASSET MANAGEMENT

OMBRETTA SIGNORIDirectrice de la RechercheMacroéconomique et StratégieOFI INVEST ASSET MANAGEMENT

Les craintes d’une guerre commerciale se sont concrétisées avec les décisions de Donald Trump : des droits de douane de 10 % sur toutes les importations américaines seront appliqués et des taxes supplémentaires seront imposées à une soixantaine de pays. Les droits de douane s’élèveront par exemple à 20 % pour l’Union européenne. Ces tarifs douaniers seront-ils durables ? À notre avis, il y aura des négociations, mais ce point est essentiel pour déterminer l’impact final, tout comme la question de savoir si les pays vont riposter ou non.
Nous avions estimé, avant l’élection(2), qu’un scénario de protectionnisme sévère avec des droits de douane généralisés de 10 % entraînerait une baisse cumulée d’environ 1 % du PIB entre 2025-2026. Toutefois, comme les droits de douane additionnels moyens sur les importations américaines sont proches de 20/25 %, il faudrait doubler cet effet. Si les mesures protectionnistes venaient à durer, la croissance américaine cette année pourrait être plus proche de 1 % que des 2 % estimés. Cet effet baissier est dû au choc de confiance et surtout à la perte de pouvoir d’achat générée par la hausse des prix. En tenant compte des taxes annoncées, l’inflation supplémentaire temporaire serait de 2 %/2,5 % (sans représailles et avec une transmission complète des hausses sur les prix finaux) même si, à moyen terme, les droits de douane sont plutôt désinflationnistes.

LE CONTRECOUP SUR LA CROISSANCE AMÉRICAINE AU PREMIER TRIMESTRE

Depuis le début de l’année, les ménages commencent à épargner davantage en raison des niveaux élevés d’incertitude. Les entreprises sont aussi préoccupées, ce qui pourrait peser sur leurs décisions d’investissement. Parallèlement, bien que l’objectif principal des droits de douane soit de réduire la balance commerciale américaine, nous observons pour l’instant l’effet inverse. Les entreprises ont préféré importer massivement avant l’imposition des droits de douane, ce qui a contribué à l’effondrement du solde du commerce extérieur. Tous ces éléments pèseront sur la croissance américaine du premier trimestre, qui devrait subir un fort contrecoup par rapport à la fin de l’année précédente.

LE POINT DE DÉPART PERMET À LA FED DE PATIENTER

En même temps, l’inflation mesurée par le déflateur de la consommation montre une forte inertie et reste stable à 2,5 % en février (le sous-jacent augmente de 2,7 % à 2,8 %). La Fed devrait décider d’attendre encore avant de baisser les taux, le temps d’y voir plus clair sur l’incertitude actuelle, mais pourrait encore baisser les taux cette année si le marché du travail se dégrade.

LA CROISSANCE EN ZONE EURO ENTRE PROTECTIONNISME ET PLANS DE RELANCE

À court terme, la croissance devrait subir l’impact négatif du protectionnisme. Nous estimons que 10 % de droits de douane pourraient faire baisser le PIB de la zone d’environ 0,5 point entre cette année et l’an prochain, en tenant compte également du choc de confiance. Si 20 % des tarifs douaniers sont durables, l’effet serait presque doublé et la zone Euro stagnerait cette année. En cas de représailles, l’inflation européenne pourrait aussi augmenter, mais dans une moindre mesure par rapport aux États-Unis.
Toutefois à moyen terme, le plan d’infrastructures allemand de 500 milliards d’euros aurait une impulsion sur la croissance allemande de 0,3 à 0,4 point de PIB chaque année en 2026, 2027 et 2028, soit de 0,1 à 0,15 point sur cette période en zone Euro. Concernant les dépenses militaires en Allemagne et sous l’hypothèse d’un déploiement progressif au niveau européen du plan de la Commission européenne, l’impulsion sur le PIB européen serait de 0,15 point chaque année en 2026, 2027 et 2028. Dans notre scénario initial, nous intégrions 10 % de tarifs douaniers imposés à l’UE et nous avions révisé à la baisse les prévisions de croissance cette année (de 1 % à 0,7 % en moyenne annuelle), mais cette baisse était compensée par la révision à la hausse de la croissance prévue en 2026, qui passerait de 1,1 % à 1,4 %. Si le 20 % de tarifs douaniers devait durer, le risque serait baissier pour notre estimation pour 2025 et 2026.

COMBIEN DE BAISSES ENCORE SUR LES TAUX DIRECTEURS EURO ?

L’inflation en zone Euro est sur une trajectoire de retour à sa cible courant 2025. L’inflation totale en mars est bien orientée (baisse de 2,3 % à 2,2 %) et l’inflation des services commence à se modérer en lien probablement avec la détente des salaires. La BCE, dans sa décision, doit tenir compte à la fois des effets du protectionnisme et des plans de relances, et la divergence habituelle entre « Colombes » et « Faucons » avait commencé à réapparaître avant les annonces des tarifs douaniers. Néanmoins, il y a encore de l’espace pour baisser les taux avant de rentrer en territoire accommodant.

(2) Voir le flash marchés Ofi Invest Asset Management du 7 octobre 2024.

ÉTATS-UNIS : DROITS DE DOUANE MOYENS SUR LES BIENS IMPORTÉS(estimés sur la base des annonces du 2 avril 2025)

Etats-unis : droits de douane moyens sur les biens importés

Sources : Macrobond, Ofi Invest Asset Management au 03/04/2025.

TAUX D’INTÉRÊT

LES ÉTATS-UNIS S’ISOLENT DU RESTE DU MONDE

Geoffroy LENOIR, Co-Directeur des gestions OPC - OFI INVEST ASSET MANAGEMENT

GEOFFROY LENOIRCo-Directeur des gestions OPCOFI INVEST ASSET MANAGEMENT

Les marchés obligataires ont été influencés ces dernières semaines par les prévisions concernant les droits de douane sur les biens importés aux États-Unis. Le président américain a finalement annoncé le 2 avril une hausse des tarifs douaniers pour 185 pays et territoires. Un tarif dit « universel » de 10 %, qui s’applique à partir du 5 avril pour une centaine de pays ou territoires. Des tarifs spécifiques dits « réciproques », appliqués à partir du 9 avril pour les autres, avec un taux unique à 20 % qui vise les 27 États membres de l’Union européenne. Ce sont donc des augmentations particulièrement fortes qui devraient s’appliquer immédiatement. L’ampleur de ces hausses a toutefois pu être anticipée dans certains scénarios économiques adverses et il est probable que des négociations bilatérales pourront venir abaisser certains de ces tarifs.

VOLATILITÉ ET RÉVISIONS DES ANTICIPATIONS

Le marché continue de voir cette politique de guerre commerciale à travers le prisme récessif et non inflationniste. Ainsi, après le « sell-off »(3) de début mars qui a vu le Bund monter à 2,90 %, les taux nominaux ont replongé, le 10 ans allemand revoyant le niveau de 2,50 % en séance le 4 avril.

Les courbes américaines et européennes se sont pentifiées avec des marchés qui anticipent dorénavant davantage de baisses de taux de la Réserve fédérale américaine (environ quatre sur 2025) et de la BCE (trois), soit plus d’une baisse supplémentaire chacune par rapport à ce qui était anticipé il y a quelques jours.
Pour illustrer autrement la perception du risque du marché sur le côté récessif et non inflationniste, nous pouvons regarder les anticipations d’inflation du marché appelés pointsmorts ou « breakeven » d’inflation en euro. Ceux-ci ont en effet baissé d’environ 20 points de bases par rapport au point haut de mars. L’inflation à 1 an anticipée dans 1 an n’est plus qu’à 1,8 % pour la zone Euro. L’image est plus contrastée aux États-Unis avec des « breakeven » 5 ans en hausse et 10 ans en baisse. Toutefois, le swap inflation(4) 5 ans dans 5 ans souvent suivi par les banquiers centraux a plus fortement baissé qu’en Europe pour atteindre 2,29 % seulement le 4 avril.
Étant assez largement surpondérés sur les taux, ces mouvements de marché vont donc dans le sens de nos anticipations. Mais la prudence est de mise. Les inconnues sont nombreuses et le marché obligataire devrait rester très volatil dans les prochaines semaines. Les anticipations de baisses de taux, notamment de la BCE, nous semblent aujourd’hui un peu élevées. C’est pourquoi nous profitons de ce « rallye » obligataire pour réduire de moitié notre surpondération à la duration sur les taux européens et américains.

L’ÉCARTEMENT DES « CCC » S’AMPLIFIE AVEC LES DROITS DE DOUANES

L’annonce de la forte augmentation des droits de douanes aux États-Unis a également affecté les valorisations sur le marché du crédit. Les secteurs les plus cycliques ciblés par ces décisions, tel que le secteur des constructeurs automobiles et de leurs équipementiers, ont été en première ligne. Face à l’incertitude concernant l’impact économique de ces décisions et la réponse des pays ou régions visées, nous préférons adopter une vue plus prudente sur le marché du crédit et notamment sur le crédit spéculatif à haut rendement (« High Yield »). De nombreux facteurs techniques qui soutenaient ce marché depuis plusieurs mois risquent de s’atténuer dans les semaines à venir. Pour autant, le portage, toujours sur des niveaux historiquement élevés, protège toujours en partie la performance sur la classe d’actifs. Dans ce contexte, nous privilégions les émetteurs les mieux notés en termes de qualité de crédit, que ce soit au sein du crédit « Investment Grade » avec des émetteurs notés « A » ou au-dessus, ou bien sur le « High Yield » avec des émetteurs notés « BB » au détriment des « B » ou « CCC » qui ont vu leurs spreads s’écarter sur le mois d’environ 100 points de base.

LE CHIFFRE DU MOIS

2,29 %

C’est le niveau du swap inflation(4) US 5 ans anticipé dans 5 ans qui a atteint un point bas depuis 2 ans, après les annonces sur les tarifs douaniers. Un niveau qui illustre les risques de récession aux États-Unis au détriment des risques inflationnistes à plus court terme.

PERFORMANCES

INDICES OBLIGATAIRES COUPONS RÉINVESTISMARS 2025YTDJPM Emu- 1,74 %- 1,18 %Bloomberg Barclays Euro Aggregate Corp- 1,04 %- 0,01 %Bloomberg Barclays Pan European High Yield en euro- 1,14 %0,54 %Sources : Ofi Invest Asset Management, Refinitiv, Bloomberg au 31/03/2025.

(3) Un « sell-off » sur le marché obligataire désigne une vente massive d’obligations par les investisseurs, souvent en réaction à des événements économiques ou politiques.(4) Les swaps d’inflation sont utilisés pour se protéger contre les fluctuations de l’inflation et peuvent offrir une estimation du taux d’inflation attendu par le marché.

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

ACTIONS

« MAKE AMERICA GREEDY AGAIN(5) ! »

Éric TURJEMAN, Co-Directeur des gestions OPC - OFI INVEST ASSET MANAGEMENT

ÉRIC TURJEMANCo-Directeur des gestions OPCOFI INVEST ASSET MANAGEMENT

Libération Day(6) a accouché de nouvelles barrières tarifaires aux États-Unis et l’administration américaine a bien peu de considération pour ses partenaires commerciaux historiques. Outre les justifications sur la base de calculs tous plus baroques les uns et que les autres, et sans fondements économiques aucuns, les niveaux auxquels les importations touchant le sol américain seront imposées d’ici quelques heures sont bien plus importants que les prévisions les plus pessimistes.
Il faut remonter au tout début du 20e siècle pour retrouver de tels niveaux de barrières douanières aux États-Unis. Il s’agit certes d’un plafond, censé ouvrir la voie à des négociations bilatérales, mais, incontestablement, le mal est fait. Le président Trump et son administration viennent de jeter aux oubliettes près de 30 années de mondialisation. À l’heure d’écrire ces lignes, les conséquences sont encore hypothétiques. Nous n’avons aucun doute sur la capacité des entreprises à s’accommoder de ce nouvel environnement. Elles ont toujours su s’adapter, et devraient démontrer une fois encore que cet écueil pourra être surmonté. Les états-majors des grands groupes mondiaux sont déjà en train de peser les différentes options disponibles. En revanche, les conclusions pour le consommateur et la croissance américaine sont plus difficiles à cerner.

DROITS DE DOUANE… POUR LES MÉNAGES

5 000 dollars/an. C’est le surcoût de consommation que l’ensemble des annonces du 2 avril ferait en moyenne peser sur l’ensemble des 130 millions de ménages américains chaque année. N’en déplaise à l’administration Trump, nous sommes bien face à une taxe sur la consommation américaine, les entreprises ayant déclaré depuis plusieurs mois qu’elles répercuteraient autant que possible les tarifs sur les prix de vente. Dans une économie dont le PIB repose à plus de 70 % sur la consommation des ménages, le pari des Républicains semble risqué. Le risque de récession remonte, et va de pair avec une incertitude qui devrait persister.
Le comportement des marchés actions américains illustre d’ailleurs ces doutes depuis quelques semaines. Les valeurs défensives, moins sensibles aux variations de cycles économiques, surperforment, tandis que celles liées à la consommation discrétionnaire des ménages reculent fortement. Les valeurs des secteurs de l’hôtellerie, croisiéristes ou encore compagnies aériennes en ont fait les frais récemment. Il est également fort probable que les décisions d’investissements des entreprises seront mises en sommeil, au moins le temps que la poussière retombe…

PRUDENCE SUR LES RÉSULTATS

Il est difficile dans ces conditions d’imaginer des discours très positifs de la part des dirigeants lors des prochaines publications de résultats, et encore moins de révisions à la hausse des perspectives bénéficiaires à ce stade de l’année en cours. Le risque sur les résultats est dans l’immédiat très clairement orienté à la baisse, les estimations ayant déjà commencé à baisser aux États-Unis. Les déclarations des Banques Centrales seront le prochain point d’attention des investisseurs, et ceux-ci tenteront notamment de déterminer si un « Fed put »(7) existe pour se rassurer.
L’ampleur des taxes annoncées sur les pays émergents d’Asie du Sud Est est significative et vise l’ensemble de la « supply chain de Corporate America »(8). Là encore, le message de l’administration américaine est clair : « produisez localement ! », même si nous imaginons mal les industries à forte intensité de main d’oeuvre se relocaliser outre-Atlantique. La tentation pourrait donc être grande pour certains pays de manipuler leur devise pour contrecarrer l’effet des mesures douanières, au risque de s’attirer à nouveau les foudres des autorités américaines.
Nous l’avons bien compris, la montée du protectionnisme n’a jamais été un ingrédient positif pour les entreprises. Il nous semble néanmoins que, pour une fois, les entreprises américaines - même si elles bénéficient d’une croissance domestique généralement supérieure à celle de l’Europe - n’ont pas de raison de sortir gagnantes de cet affrontement. C’est pour cette raison que nous avions, il y a quelques semaines, neutralisé le biais positif en leur faveur en remontant le curseur des actions européennes au même niveau. Sur un plan relatif, les récents événements ne nous poussent pas à modifier ces curseurs. Il est indéniable que la volatilité va perdurer au gré des déclarations de l’administration américaine qui continuera de souffler le chaud et le froid. Nul doute que ce sera l’occasion de se renforcer sur les marchés actions en profitant des trous d’air une fois que la poussière sera retombée.

LE CHIFFRE DU MOIS

« The dirty 15 »

En référence aux « dirty 12 » (les 12 salopards.). C’est le surnom donné par l’administration Trump aux 15 pays(9) censés être les plus déloyaux d’un point de vue commercial avec les États-Unis.

PERFORMANCES

INDICES ACTIONS DIVIDENDES NETS RÉINVESTIS EN DEVISES LOCALESMARS 2025YTDCAC 40- 3,88 %5,73 %EuroStoxx- 2,95 %7,67  %S&P 500 en dollars- 5,67 %- 4,37 %MSCI AC World en dollars- 3,95 %- 1,32 %Sources : Ofi Invest Asset Management, Refinitiv, Bloomberg au 31/03/2025.

(5) Rendre l’Amérique cupide à nouveau.(6) Le Jour de la Libération, terme utilisé par Donald Trump pour nommer le 2 avril 2025, journée de l’annonce des nouvelles mesures tarifaires importantes.(7) Un « Fed put » est la croyance que la Réserve fédérale américaine interviendra pour soutenir les marchés financiers en assouplissant sa politique monétaire.(8) La chaîne d’approvisionnement des entreprises américaines.(9) Bien que la liste puisse varier, elle inclut généralement des pays comme la Chine, le Mexique, le Canada, l’Allemagne, le Japon, la Corée du Sud, l’Inde, l’Italie, la France, le Royaume-Uni, le Vietnam, l’Irlande, la Suisse, la Malaisie et la Thaïlande.

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

ÉMERGENTS

CHINE : ALTERNATIVE À NOUVEAU CRÉDIBLE POUR LES INVESTISSEURS

Jean-Marie MERCADAL, Directeur Général - SYNCICAP ASSET MANAGEMENT

JEAN-MARIE MERCADALDirecteur GénéralSYNCICAP ASSET MANAGEMENT

Face à la gouvernance imprévisible de l’administration Trump et aux craintes de récession aux États-Unis, les investisseurs internationaux se tournent de plus en plus vers l’Europe et surtout l’Asie, où la Chine émerge comme un pôle de stabilité.

Il y a encore un an, la Chine était jugée non investissable, embourbée dans une crise immobilière sans fin et des incertitudes politiques, de gouvernance interne, et liées à sa proximité avec la Russie. Aujourd’hui, plusieurs grandes banques internationales recommandent l’achat d’actions chinoises, avec des prévisions de performance revues à la hausse, visant des gains de 10 % à 15 % d’ici la fin de l’année.

Ce revirement s’explique par trois raisons principales :
1. Crédibilité renouvelée : grâce à des décisions politiques récentes, la Chine a dévoilé un plan de soutien économique complet en septembre dernier, incluant des mesures budgétaires, monétaires, des soutiens ciblés aux banques et au marché immobilier ainsi que des primes à la consommation de certains biens. Le président Xi Jinping a également affiché son soutien au secteur privé, marquant un revirement par rapport aux mesures de 2021. La croissance du PIB au début de l’année est prometteuse, atteignant 5,5 % en rythme annuel pour les deux premiers mois de l’année 2025, au-dessus de l’objectif gouvernemental de 5 %.

2. Avance technologique : le monde reconnaît désormais la compétitivité de la technologie chinoise dans des domaines clés comme l’intelligence artificielle, les véhicules électriques, la robotique, les drones et l’énergie solaire. Les investisseurs découvrent que certaines entreprises chinoises sont des concurrents crédibles face aux géants américains.
3. Valorisations jugées attractives : les actions chinoises semblaient très sous-évaluées, surtout comparées aux actions américaines. Malgré un rebond spectaculaire depuis mi-janvier, les valorisations restent, selon nous, attractives avec un PER 2025 de l’indice MSCI China autour de 12,5 et des croissances de bénéfices attendues entre 7 % et 8 %, avec un momentum qui devrait être positif.

L’annonce d’une hausse des tarifs douaniers de 20 % à 54 % pour les exportations de tous les produits chinois vers les États-Unis pourrait amputer le PIB du pays de l’ordre de 1,5 % à 2,0 % en l’état. Nous ne savons pas encore à ce stade s’il s’agit d’une décision qui a pour but de provoquer des négociations. Mais il est fort probable que le gouvernement chinois répondra par des mesures de rétorsion et par un accroissement du soutien budgétaire à la croissance. Par ailleurs, le mouvement de diversification des exportations chinoises vers le Sud global, mouvement entamé en 2018, va se poursuivre et la coopération régionale commerciale va s’intensifier.

Ailleurs en Asie, les actions indiennes ont rebondi de 5 % en mars après une chute de près de 20 % depuis septembre. Il s’agit de la plus forte hausse mensuelle depuis juin 2024. Les investisseurs reviennent progressivement sur ce marché au potentiel très important à moyen/long terme, encouragés par des indicateurs positifs comme une inflation au plus bas niveau depuis 7 mois et un déficit commercial réduit. Les valorisations nous paraissent de surcroît redevenues correctes, avec un PER 2025 de près de 20 et des croissances de bénéfices attendues autour de 12 %.
Les autres marchés asiatiques ont été plus affectés par les décisions tarifaires américaines et la correction des valeurs technologiques aux États- Unis, notamment à Taïwan, marché très lié au cycle américain de l’intelligence artificielle, ainsi qu’en Corée, Malaisie et Thaïlande, très dépendants des exportations vers les États-Unis.

En synthèse, la politique très dure de taxes douanières et une attitude géopolitique déroutante sèment le doute et créent de la volatilité. Les investisseurs américains, qui avaient largement surpondérés les actions domestiques depuis une dizaine d’années (à juste titre), redécouvrent à nouveau les avantages de la diversification internationale. Les actions asiatiques, et particulièrement chinoises, présentent selon nous beaucoup d’atouts dans cette optique.

LE CHIFFRE DU MOIS

5,5 %

C’est la croissance du PIB chinois en rythme annuel estimée pour les deux premiers mois de l’année 2025. Ce serait au-dessus de l’objectif du gouvernement de 5 % pour l’ensemble de l’année. Les principales composantes se redressent, à l’exception du secteur immobilier qui se stabilise néanmoins.

L’EXPOSITION MOYENNE SE SITUE ACTUELLEMENT À 27 %, CE QUI EST ENCORE INFÉRIEUR AU POIDS DES ACTIONS CHINOISES DANS L’INDICE « MSCI EMERGING » QUI EST DE PRÈS DE 31 %.

L'exposition moyenne se situe actuellement à 27% ce qui est encore inférieur au poids des actions chinoises dans l'indice MSCI Emerging qui est de près de 31%

Source : Morningstar, HSBC mars 2025

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

Syncicap AM est une société de gestion détenue par le groupe Ofi Invest (66 %) et Degroof Petercam Asset Management (34 %), agréée le 4 octobre 2021 par la Securities and Futures Commission de Hong Kong. Cette société, spécialisée dans les pays émergents, permet d’établir une présence en Asie, depuis Hong Kong.

Achevée de rédiger le 04/04/2025

TÉLÉCHARGER LA LETTRE

GLOSSAIREBreakeven inflation : différence de rendement entre une obligation classique (taux nominal) et son équivalente indexée sur l’inflation (taux réel).Crédit « Investment Grade »/ « High Yield » : les obligations « Investment Grade » qualifient des obligations émises par les emprunteurs les mieux notés par les agences de notation. Selon le classement de Standard & Poor’s ou Fitch, leurs notes vont de AAA à BBB-. Les obligations spéculatives « High Yield » (haut rendement) ont une note de crédit (de BB+ à D selon Standard & Poor’s et Fitch) plus faible que les obligations « Investment Grade » en raison de la santé financière plus fragile de leurs émetteurs selon les analyses des agences de notation. Elles sont donc considérées comme plus risquées par les agences de notation et offrent en contrepartie des rendements plus élevés.Duration : durée de vie moyenne pondérée d’une obligation ou d’un portefeuille d’obligations exprimée en années.Inflation : perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix.PER : Price Earning Ratio. Indicateur d’analyse boursière : ratio de cours divisé par le bénéfice.Portage : consiste à conserver des titres obligataires en portefeuille pour profiter de leur rendement, éventuellement jusqu’à leur échéance.Risque crédit : en gestion obligataire, c’est le risque que l’émetteur d’une obligation ne puisse pas rembourser le principal ou les intérêts dus aux investisseurs.Spread : écart de taux.Volatilité : calcul des amplitudes des variations du cours d’un actif financier. Plus la volatilité est élevée, plus l’investissement sera considéré comme risqué.

INFORMATION IMPORTANTECette communication publicitaire contient des éléments d’information et des données chiffrées qu’Ofi Invest Asset Management considère comme fondés ou exacts au jour de leur établissement. Pour ceux de ces éléments qui proviennent de sources d’information publiques, leur exactitude ne saurait être garantie. Les analyses présentées reposent sur des hypothèses et des anticipations d’Ofi Invest Asset Management, faites au moment de la rédaction du document qui peuvent être totalement ou partiellement non réalisées sur les marchés. Elles ne constituent pas un engagement de rentabilité et sont susceptibles d’être modifiées. Cette communication publicitaire ne donne aucune assurance de l’adéquation des produits ou services présentés et gérés par Ofi Invest Asset Management à la situation financière, au profil de risque, à l’expérience ou aux objectifs de l’investisseur et ne constitue pas une recommandation, un conseil ou une offre d’acheter les produits financiers mentionnés. Ofi Invest Asset Management décline toute responsabilité quant à d’éventuels dommages ou pertes résultant de l’utilisation en tout ou partie des éléments y figurant. Avant d’investir dans un OPC, il est fortement conseillé à tout investisseur, de procéder, sans se fonder exclusivement sur les informations fournies dans cette communication publicitaire, à l’analyse de sa situation personnelle ainsi qu’à l’analyse des avantages et des risques afin de déterminer le montant qu’il est raisonnable d’investir. Photos : Shutterstock.com/ Ofi Invest. FA25/0485/M

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