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OFI INVEST ASSET MANAGEMENT : Le Japon face à la guerre commerciale
25/4/2025

Jean-François Chambon, gérant actions japonaises et asiatiques chez Ofi Invest Asset Management, détaille les atouts de l’économie japonaise dans le cadre des tensions commerciales internationales.
Le président américain Donald Trump a intensifié la guerre commerciale avec l’annonce des droits de douane début avril, qu’en est-il pour le Japon ?
Le Japon a un excédent commercial avec les États-Unis de l’ordre de 68,4 milliards de dollars en 2024 selon les chiffres du US Census Bureau. Cet excédent est toutefois en baisse ces dernières années alors que le Japon produit beaucoup plus aux États-Unis.
De notre point de vue, la hausse des droits de douane, annoncés à 24 % pour le Japon début avril, est une base de négociation dans le cadre de la doctrine de Donald Trump tirée de son expérience dans les affaires et développée dans son livre « The art of the deal »(1).
Le Japon a compris que la confrontation avec Donald Trump est un exercice difficile et préfère mettre dans la balance les investissements des entreprises japonaises aux États-Unis et les besoins en ressources naturelles du pays, notamment en gaz, qui pourraient être importés des États-Unis. Des discussions ont ainsi lieu au sujet du GNL fournit par les États-Unis au Japon. Les États-Unis sont le 4e fournisseur de gaz du Japon. Cela représente environ 44 milliards de dollars soit 8 à 10 % des besoins du Japon. Si ce taux passait à 25 %, il n’y aurait plus de déficit commercial entre les deux pays, ce qui pourrait peser favorablement dans la négociation.
Par ailleurs, le Président Donald Trump et le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba ont évoqué une hausse des investissements japonais aux États-Unis à 1 000 milliards de dollars alors que le Japon est déjà depuis 5 ans le premier investisseur sur les territoires américains avec environ 800 milliards de dollars par an.
Le Japon reste un allié-clé que Washington devrait chercher à ménager dans un contexte géopolitique tendu. Un allié qui consomme énormément de produits américains, et qui est étroitement lié aux États-Unis sur les plans militaire et stratégique.
Au-delà des négociations bilatérales, les tensions avec les États-Unis pourraient pousser à accélérer et à renforcer les accords commerciaux au sein de la zone asiatique, et entre l’Asie et l’Europe. Il est toutefois encore trop tôt pour se passer de ce partenaire commercial devenu très agressif.
La hausse des droits de douane du Mexique et du Canada peutelle avoir un impact sur les constructeurs automobiles japonais qui produisent dans ces pays ?
Les constructeurs japonais produisent sur le sol américain mais aussi au Canada et au Mexique. Au Mexique, ce sont les petits constructeurs japonais qui seraient les plus impactés comme Nissan* ou Honda* qui produit par exemple 200 000 véhicules au Mexique et en exporte 80 % vers le territoire américain. Mais Ford* serait plus touché que Honda* ainsi que General Motors* qui produit au Mexique 890 000 voitures et en exporte environ 75 % vers le territoire américain. La négociation n'est donc pas terminée dans la mesure où les constructeurs automobiles américains sont les plus pénalisés.
En ce qui concerne les plus gros constructeurs japonais, Toyota Motors* qui produit aux États-Unis depuis 40 ans sur ses 10 sites et avec 170 000 emplois directs et indirects est beaucoup moins concerné.
Où en est-on de la fin de la déflation japonaise ?
La déflation a duré plusieurs décennies. Les consommateurs japonais ont été habitués à épargner et différer leurs achats en attendant que les prix baissent. Sortir de cette logique ne se fait pas aussi rapidement que souhaiterait la Banque Centrale. L’an dernier, l’inflation a touché 4 %, un plus haut depuis 33 ans. Aujourd'hui, elle se situe autour de 2 % qui est l'objectif de la Banque Centrale du Japon (BoJ).
Le retour de l’inflation ne suffit toutefois pas pour relancer la consommation. Il faut aussi que les consommateurs japonais aient les moyens de suivre ces hausses de prix. Cela passe par des revalorisations de salaires. Une boucle vertueuse est en train de s'installer et devrait favoriser la consommation qui représente quand même de l’ordre de 50 % de l'économie japonaise. À titre d’exemple, les négociations salariales du printemps 2024 (shuntō) ont abouti à des augmentations de 5,1 %, un niveau inédit depuis plus de 30 ans !
Les PME n’ont toutefois pas les moyens d’absorber ce coût supplémentaire dans l’immédiat. Elles attendent un effet de ruissellement de la part des grands groupes qui se fournissent auprès d’elles.
Comment la croissance économique au Japon se porte-t-elle ?
Le rythme de croissance « normal » se situe sous les 1 % au Japon. Le pays est dépendant de la bonne santé économique de ses partenaires du fait de son profil très exportateur. Mais au-delà des exports, de nouvelles industries se développent au Japon, notamment le tourisme et la technologie.
En 2024, près de 37 millions de touristes ont visité le Japon ! C'est Shinzo Abe qui avait lancé ce mouvement à son arrivée en 2012. L’objectif du gouvernement est d’atteindre 60 millions de touristes en 2030, ce qui représente une source importante de dynamisme pour la consommation intérieure, en particulier dans l’alimentation, l’hôtellerie et le commerce de détail, mais aussi une source d’inflation, notamment alimentaire.
Le vieillissement de la population, qui est une source d’inquiétude, peut aussi être vu comme une opportunité de développer à marche forcée la robotique qu'elle soit « hardware » avec les robots ou « software » dans le domaine de l'intelligence artificielle. Le Japon est déjà leader dans la production de robots industriels.
Par ailleurs, le gouvernement a décidé fin 2024 de lancer un plan de soutien à l'industrie des semiconducteurs et de l'intelligence artificielle pour un montant de 65 milliards de dollars qui devrait générer plus d'investissement publics et privés dans les 10 ans à venir. L’objectif est notamment de faire du Japon dans les années qui viennent un acteur incontournable de la chaîne d'approvisionnement mondiale des semiconducteurs.
Nous assistons aussi à un changement de paradigme en matière de distribution de dividendes aux actionnaires. C'était la troisième flèche du programme de Shinzo Abe qui a mis du temps à se mettre en place. Un meilleur retour aux actionnaires est nécessaire pour le financement des fonds de pension et de la retraite. Ainsi, la pratique des participations croisées, très répandue entre les grandes entreprises au Japon, commence à disparaître au profit de rachats d'actions et de hausse des dividendes, ce qui est favorable au marché actions japonais.
Performance du Topix depuis le 31/12/2021

Sources : Bloomberg et Ofi Invest Management au 22/04/2025
Marché actions japonaises : la correction masque des fondamentaux solides
Après un mouvement haussier de fond en 2023-2024, les actions japonaises ont subi une correction marquée liée à la réactivation du risque commercial américain. Mais les fondamentaux domestiques et structurels restent bien orientés.
Tarifs douaniers : un choc déjà partiellement absorbé
- L’annonce début avril de tarifs réciproques par l’administration Trump a déclenché une chute de 21 % du TOPIX en quelques séances.
- Nomura estime que l’impact combiné sur les résultats 2025 du TOPIX pourrait atteindre -14 % (-7 % dus aux taxes douanières et -7 % du au ralentissement économique global). Il nous semble qu’il s’agit du scénario du pire. Notre scénario central intègre le fait que le Japon négocie et n’est pas en confrontation frontale avec Donald Trump.
- Le stress lié aux tarifs douaniers nous semble donc intégré par le marché et les valorisations qui misent déjà un scénario prudent.
Comportement des investisseurs : le marché s’auto-régule
- Les ventes à découvert sur les futures Nikkei 225 ont été massives, principalement portées par les investisseurs non-résidents.
- En face, les entreprises japonaises elles-mêmes sont redevenues acheteuses, à travers des programmes de rachats d’actions d’ampleur record.
- Les particuliers, via le levier du nouveau régime NISA(2), continuent de soutenir les flux domestiques.
Valorisation : un point d’entrée qui semble raisonnable
- Le marché nous paraît fondamentalement attractif :
- PER 12 mois forward(3) du TOPIX est de 13
- P/B (Price-to-Book)(4) : est de 1,2
- Rendement du dividende : 2,8 %
- Ces niveaux sont cohérents avec un environnement de croissance molle. De notre point de vue, l’excès de pessimisme actuel pourrait constituer historiquement un bon point d’entrée.
- Le taux de distribution de dividendes sur l’exercice 2024 est attendu à 36,7 %, avec 77,2 % des entreprises anticipant une hausse de leur dividende, ce qui renforce l’attrait des actions japonaises en tant que support de rendement dans un monde encore incertain.
Moteurs structurels de moyen-long terme
- Le Japon renforce son positionnement dans les chaînes technologiques critiques, l’IA et les semi-conducteurs, avec un impact positif sur le secteur des équipements de production (SPE), un pilier du tissu industriel japonais.
- La transition énergétique, la robotique et le vieillissement démographique génèrent également des poches d’innovation et de demande stable, notamment dans l’automatisation, la cybersécurité ou les services de santé.
- Le retour progressif de l’inflation accompagné d’augmentations salariales inédites soutient une dynamique domestique durable.
- Le rebond du tourisme constitue un vecteur de consommation important, en particulier dans l’alimentation, l’hôtellerie et le commerce de détail.
- Les banques bénéficient de la remontée graduelle des taux domestiques.
- La santé progresse sur fond de normalisation des pertes exceptionnelles post-Covid et d’innovations produits.
Environnement politique et monétaire : relatif havre de stabilité
- Malgré des tensions internationales accrues, l’incertitude politique perçue au Japon reste nettement plus faible qu’aux États-Unis ou en Chine.
- La BoJ reste prudente dans sa normalisation monétaire. Malgré la faiblesse du yen (qui bénéficie au tourisme), elle doit aussi tenir compte de la dynamique économique intérieure et du risque de fragiliser la reprise en relevant trop rapidement ses taux. L’équilibre entre la lutte contre la dépréciation du yen et le soutien à l’économie japonaise reste donc délicat.
- À l’approche des élections à la Chambre haute (en juillet 2025), des mesures de relance budgétaire sont envisagées pour soutenir la croissance.
Achevé de rédiger le 22/04/2025
RÉFÉRENCES* Les sociétés citées ne le sont qu’à titre d’information. Il ne s’agit ni d’une offre de vente, ni d’une sollicitation d’achat de titres.
(1) L’art de la négociation
(2) Le nouveau régime NISA au Japon, lancé en janvier 2024, est une version améliorée du programme d'exemption fiscale pour les petits investissements individuels. Ce régime vise à encourager les ménages à constituer un patrimoine stable et à investir à long terme.
(3) Le PER 12 mois forward est un indicateur financier qui mesure le rapport entre le prix actuel d'une action et les bénéfices estimés par action pour les 12 prochains mois.
(4) Le P/B (Price-to-Book) ratio, ou ratio cours/valeur comptable, est un indicateur financier qui compare le prix actuel d'une action à sa valeur comptable par action.
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