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MANDARINE GESTION : L’étrange palmarès sectoriel de 2025

12/6/2025

Une hiérarchie sectorielle surprenante se dessine sur la première partie de l’année, révélant une nouvelle vigueur des marchés européens.

Alors que le mois de mai est à peine derrière nous et que l’heure du bilan de l’année semble précoce, certaines tendances fortes se sont néanmoins déjà dessinées. En premier lieu, on observe une nette surperformance des actions européennes par rapport aux actions américaines. Ce qui interpelle particulièrement, toutefois, c’est la hiérarchie des performances sectorielles en Europe, qui s’avère, à première vue, déroutante.

Un classement qui interroge

En effet, on retrouve en tête du classement deux secteurs financiers (la banque et l’assurance) puis deux secteurs réputés défensifs (les services publics et les télécommunications) et enfin deux secteurs cycliques (la construction et l’industrie). Les investisseurs étant rationnels, comment expliquer que des secteurs si différents se retrouvent à afficher des performances relatives similaires ?

Performances YTD des indices sectoriels Stoxx Europe dividendes réinvestis en Euro au 30/05/2025

Avant de chercher une explication à ce phénomène, essayons dans un premier temps de montrer pourquoi ce palmarès nous a semblé incohérent de prime abord.

Des moteurs de performance opposés

Lorsque l’on étudie les grands leviers de performance de ces secteurs, on identifie pour les valeurs financières une grande sensibilité à la variation des taux d’intérêt, les sociétés cotées de ces secteurs profitant généralement d’un contexte de hausse des taux longs et de pentification des courbes. Dans le cas de la banque, on trouve également une forte sensibilité à l’activité économique : une forte croissance stimulant la demande de crédit et à l’inverse, une forte décélération accroissant les créances douteuses et irrécouvrables. Il s’agit dans les deux cas de secteurs présentant un fort beta, c’est-à-dire qu’ils amplifient en général les mouvements des grands indices de marchés auxquels ils appartiennent.

En revanche, les utilities et les télécoms sont des secteurs à faible beta, leur activité est en effet considérée comme défensive car peu sensible aux aléas macro-économiques. Ils sont cependant également sensibles à l’évolution des taux d’intérêt mais en sens inverse des secteurs financiers. En effet, les sociétés de ces deux secteurs sont généralement endettées et tendent à sous-performer lorsque les taux montent puisque leurs résultats financiers se dégradent généralement dans ce contexte.

Enfin, les sociétés de la construction et de l’industrie sont évidemment très sensibles à l’activité économique des pays dans lesquels elles opèrent, ces deux secteurs figurent naturellement parmi les plus cycliques de la cote et de ce fait présentent un très fort beta.

Le constat à fin mai est que des secteurs peu ou très sensibles au contexte macro-économique enregistrent chacun de très fortes surperformances. De même, des secteurs favorisés et défavorisés par des taux élevés affichent de fortes performances récentes.

Au-delà de ce constat, pour le moins surprenant, quelles raisons poussent les investisseurs à privilégier des secteurs aux dynamiques si différentes traditionnellement ?

Un facteur commun : l’ancrage domestique

Il nous semble que l’explication principale réside dans la « domesticité » de ces différents secteurs.

En effet, comme nous l’avons évoqué en préambule, les marchés actions européens ont retrouvé de l’attrait aux yeux des investisseurs cette année, notamment en raison de la réduction du différentiel de croissance par rapport aux Etats-Unis. Les économistes ont revu à la baisse leurs anticipations de croissance Outre-Atlantique, alors que le plan de relance allemand a suscité des espoirs de voir l’Allemagne, poids lourd économique de l’Europe à l’arrêt depuis deux ans, retrouver une dynamique positive et entrainer dans son sillage le reste de la zone Euro. S’ajoutent à cette tendance la baisse marquée du dollar et les menaces tarifaires de l’administration Trump qui pénalisent les sociétés européennes exposées à cette zone, alors que les sociétés domestiques européennes sont relativement immunes à ces risques.

Le cas particulier de l’industrie

Une exception à la lecture de ces chiffres : le secteur de l’industrie dont l’exposition à l’Europe ne représente qu’un tiers environ du chiffre d’affaires. En effet, au sein de ce vaste secteur d’activité, la plupart des sociétés très exposées à l’international, dont les Etats-Unis, n’affichent pas nécessairement de très bonnes performances boursières cette année. En revanche, c’est aussi dans ce secteur qu’on retrouve les acteurs de la défense qui devraient bénéficier à la fois des fortes hausses des dépenses militaires en Allemagne, mais aussi dans le reste de l’Europe, grâce au plan de l’Union européenne ReArm Europe. Le poids de ces valeurs au sein de l’indice n’est certes pas significatif, mais leurs performances ont été telles qu’à elle seule cette dizaine de valeurs explique les deux tiers de la performance du secteur de l’industrie en bourse cette année.

On le voit, le paradoxe n’est donc qu’apparent et la hiérarchie sectorielle répond finalement à la même logique que celle qui pousse les marchés actions européens à afficher de meilleures performances que les bourses nord-américaines et les investisseurs à réorienter leurs investissements vers l’Europe cette année. Reste à valider la pérennité de ce mouvement qui passe nécessairement par le maintien d’une bonne dynamique bénéficiaire. C’est pour le moment le cas puisque la majorité de ces secteurs affichent des révisions bénéficiaires positives alors que les analystes ont assez nettement révisé à la baisse leurs estimations pour le marché dans son ensemble. Il faudra donc non seulement que la croissance allemande redémarre en 2026 (alors que 2025 devrait être la troisième année consécutive de stagnation) stimulée par les mesures budgétaires annoncées en début d’année mais encore qu’elle bénéficie aux pays voisins pour que l’exposition des entreprises à l’Europe ne soit plus vue comme un frein potentiel, mais comme une source d’opportunités.

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