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CARMIGNAC : IA, bulles et destruction créatrice

20/11/2025

L’intelligence artificielle (IA) est dans tous les esprits. Les épargnants européens hésitent à investir sur les marchés d’actions par peur d’un éclatement imminent de la « bulle » IA. Le contraste avec l’investisseur individuel américain est saisissant : son implication dans la hausse boursière de la thématique est totale. Qui a raison ? Les premiers pourraient subir une perte d’opportunité potentiellement durable alors que beaucoup des seconds pourraient souffrir de leur sortie tardive. Comme d’habitude. Même pour des investisseurs, le questionnement sur l’IA ne peut cependant se limiter à sa traduction boursière tant son impact social est potentiellement hors norme.

Les bulles liées à l’avènement d’une nouvelle technologiejalonnent l’histoire économique et boursière depuis la nuit des temps modernes

On se souvient presque tous de la plus récente d’entre elles: la bulle des TMT (technologie, médias, télécoms) ou bulle Internet. Les férus d’Histoire ont aussi en tête celle des chemins de fer en Angleterre au milieu du XIXe siècle.

Dans ces deux cas de bulle technologique, des aberration sont vu le jour : pour la première, des valorisations boursières presque infinies, même rapportées au chiffre d’affaires attendu et, pour la seconde, jusqu’à quatre projets de lignes de chemin de fer différentes qui furent simultanément mises en construction pour relier deux mêmes villes !

Les bulles s’inscrivent dans un processusdéterministe.

Dans les deux cas aussi, les bulles ont rempli leur mission: diffuser rapidement dans l’économie la technologie nouvelle en empêchant lesacteurs potentiels de se poser la question : « y aller ou pas ? ». La seule «erreur » interdite à un acteur de la diffusion technologique était en effet dene pas « y aller ». D’ailleurs aucun des grands opérateurs télécoms n’a pu ousu renoncer vers la fin des années 1990 à l’acquisition d’une licence 3G malgréson prix exorbitant – et quel hyperscaler1 renonceaujourd’hui aux investissements dans les data centers2 malgréleur prix non moins exorbitant ? Chaque opérateur a opté pour sa mort possibleliée à une situation financière scabreuse plutôt que pour sa mort certaineprovoquée par son obsolescence immédiate : les bulles s’inscrivent dans unprocessus déterministe.

En ce qui nous concerne, gérants de fonds, il nousappartient de positionner nos investissements du bon côté de la destructioncréatrice.

Dans les deux cas enfin, les nouvelles technologies ontdétruit des emplois et enterré des processus anciens pour permettre l’avènementde nouvelles pratiques et de nouveaux métiers. Dit autrement, la destructioncréatrice théorisée par Schumpeter, permise par l’entrepreneur et le financier,fut à l’œuvre avec des résultats positifs à terme pour l’emploi et l’efficacitééconomique. En ce qui nous concerne, gérants de fonds, il nous appartient depositionner nos investissements du bon côté de la destruction créatrice :éviter ce qui souffrira de la généralisation de l’IA pour nous concentrer surce qui se met en position d’en profiter.

L’engouement pour la thématique ia ne ressemble pasencore tout à fait à ces bulles du passé

Sur le terrain de la Bourse, la plupart des grands acteursdu secteur de l’IA se valorisent à des multiples de résultats compréhensibles,fondés, il est vrai, sur d’énormes profits jusqu’ici peu consommateurs de Capex3.Ceux-ci sont permis par une existence sociale déjà longue et couronnée desuccès dans les divers domaines explorés par les Microsoft, Amazon, Google,Meta… Leurs multiples de valorisation s’étagent entre 26 et 33 fois lesbénéfices estimés dans 12 mois, encore très loin des folies de l’Internet. Maisces sociétés auront dépensé d’ici fin 2030 l’essentiel des 5 000 à 7 000milliards de dollars nécessaires à l’implantation de l’IA, selon J.P. Morgan,en partie financés par de la dette qui ne leur servait jusque-là qu’à racheterleurs actions. Combien de temps faudra-t-il pour rentabiliser cesinvestissements ? Et comment valoriser le passage d’un business model léger enCapex3 à un modèle intensif en Capex3 ?

Nvidia, le fournisseur de pelles et de tamis desgrands orpailleurs de la ruée vers l’IA, se valorise à 32,5 fois ses bénéficesestimés de l’an prochain.

Nvidia, symbole de l’IA triomphante, première société aumonde à dépasser les 5 000 milliards de dollars de capitalisation boursière,est l’heureux fournisseur de ces hyperscalers aux pochesencore profondes. Nvidia, le fournisseur de pelles et de tamis des grandsorpailleurs de la ruée vers l’IA, se valorise à 32,5 fois ses bénéfices estimésde l’an prochain, un multiple encore légitimé par une impressionnantecroissance de ses profits.

Une particularité importante de cet écosystème IA,potentiellement génératrice d’incertitudes, est qu’il se construit autour d’uneentreprise aujourd’hui encore à but non lucratif, non cotée, donc au potentielde créativité comptable élevé, Open AI, qui s’est déjà engagée dans desopérations plus ou moins circulaires avec les autres grands acteurs de l’IApour un montant total de 1 400 milliards de dollars. Le temps fera son œuvre.

Cette révolution IA se double d’une guerretechnologique entre la Chine et les États-Unis : une IA « DeepSeek » contre uneIA « Nvidia inside ».

Une autre particularité, aux conséquences plus positives,est que cette révolution IA se double d’une guerre technologique entre la Chineet les États-Unis : une IA « DeepSeek » contre une IA « Nvidia inside ».Peut-il y avoir une IA perdante dans ce combat de titans sans que les deuxsuperpuissances aient préalablement apporté tout le soutien possible à « leur »IA ? Ce facteur pourrait repousser à plus tard tout éventuel désenchantement.Lorsque la messe sera dite, mesurera-t-on la victoire ou la défaite de l’une etde l’autre à l’aune du cours de Bourse des entreprises qui auront permis ladiffusion de la technologie ou à celle des effets économiques et sociétaux desdeux IA ?

La vraie particularité de la technologie IA est en effetson impact potentiel à la fois si rapide et si profond sur la société vial’emploi

Sa capacité à détruire des emplois de cols blancs est telleque de grands admirateurs du concept de destruction créatrice de Schumpeter ontparfois du mal à imaginer que le nombre de créations de postes permis par l’IAdépasse un jour celui des destructions perpétrées par elle et dont la jeunesseest la première victime. Selon le cabinet de conseil Oxford Economics, 85% dela hausse du chômage aux États-Unis depuis le point bas de 2023 est due à celledes jeunes4. Les statistiques américaines montrent d’ailleurs que letaux de chômage des 20-24 ans est passé de 6% à près de 9,5% ces troisdernières années alors qu’il n’a quasiment pas bougé pour le reste de lapopulation. Octobre a marqué un record de destructions d’emplois,majoritairement dues à l’IA. Que vaut en effet un jeune tout juste formé maissans la moindre expérience de l’entreprise face à ce que peut délivrer dans denombreux domaines une IA bien entraînée ? Et que vaudra demain un jeune plusjeune encore qui croira qu’il n’a aucun besoin d’apprendre autre chose quesavoir poser une question à l’IA ?

Sans cette solidarité à l’égard des nouveaux entrants,les limites sociales liées à l’introduction rapide de l’IA dans nos viesrisquent même d’être atteintes avant celles des valorisations boursières.

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