Toutes les informations disponibles sur le site Cros Assets ont un caractère exclusivement indicatif et ne constituent en aucun cas une incitation à investir et ne peuvent être considérées comme étant un conseil d’investissement. En aucun cas, les informations publiées sur ce site ne représentent une offre de produits ou de services pouvant être assimilée à un appel public à l’épargne, ou à une activité de démarchage ou de sollicitation à l’achat ou à la vente d’OPCVM ou de tout autre produit de gestion, d’investissement, d’assurance...
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Contactez les sociétés de gestion afin d’évaluer le risque des supports. Le présent site ne vise que les professionnels de la finance. Il n’est pas destiné à être consulté par des internautes non professionnels ne possédant pas l’expérience, les connaissances et la compétence nécessaires pour prendre leurs propres décisions d’investissement et évaluer correctement les risques encourus.

10/09 - ITW avec Olivier Becker, Sextant Bond Picking - Amiral Gestion
10/9/2025

Dans un contexte de marchés obligataires marqués par des phases successives de stress et de rebond, Sextant Bond Picking illustre la valeur d’une gestion agile et sélective. Entretien avec Olivier Becker, responsable de la gestion obligataire, qui revient sur la flexibilité stratégique du fonds, ses arbitrages récents, et la manière dont son équipe conjugue discipline fondamentale, sélectivité et innovation pour générer de la performance tout en maîtrisant le risque.
Sextant Bond Picking
- Sextant Bond Picking a montré une grande flexibilité en adaptant son exposition lors des pics de volatilité puis en profitant du rally obligataire. Comment définissez-vous cette capacité d’adaptation ?
En effet, nous avons tactiquement réduit le niveau de risque du portefeuille au cœur de l’épisode Liberation Day et avons rapidement remonté notre exposition pour profiter pleinement du rally de mai et juin. Cette flexibilité est au cœur du processus d’investissement qui repose en premier lieu sur une analyse du contexte macroéconomique et des dynamiques de marché. Grâce à cette vision « top-down » qui est définie par l’équipe en utilisant notamment des outils quantitatifs propriétaires nous sommes en capacité d’ajuster rapidement notre exposition au marché (beta). Une fois que le positionnement global du portefeuille est déterminé, nous le construisons avec les convictions fondamentales (bottom-up) de l’équipe.
- Quels arbitrages récents illustrent votre approche agile entre les différents segments obligataires ?
Un des piliers de la philosophie d’investissement de Sextant Bond Picking est d’être disciplinés sur les niveaux de valorisations des différents segments obligataires dans lesquels nous investissons. Par exemple, après avoir affiché une performance très élevée, les subordonnées financières (AT1) nous sont récemment apparues chères et nous avons ainsi décidé de fortement réduire notre exposition.
Convaincus par la trajectoire haussière des taux européens nous avons réduit notre duration en allégeant la part des obligations les plus longues et en réinvestissant dans une poche d’obligations investment grade très court.
- Comment votre processus de sélection vous permet-il d’éviter les émetteurs fragiles et de maintenir la qualité du portefeuille ?
A la différence d’un gérant actions qui est focalisé sur le potentiel de hausse, un gérant obligataire est davantage concentré sur le risque de baisse. Ainsi dans notre processus d’investissement nous mettons tout en œuvre pour éviter les émetteurs qui pourraient connaître des difficultés pour adresser leurs échéances de dette.
Tout d’abord, nous avons constitué une équipe de quatre analystes-gérants particulièrement expérimentés qui investit depuis plus de 15 ans en moyenne sur les marchés obligataires. Ainsi nous connaissons la plupart des entreprises depuis de nombreuses années et nous les avons vues traverser des cycles et des crises.
Forts de nos expériences passées, nous avons construit des modèles qui nous permettent d’analyser et de suivre en détail les états financiers des entreprises. Nous avons d’ailleurs réalisé des gains de productivité colossaux en intégrant l’intelligence artificielle dans la plupart de nos outils d’analyse financière. Nous complétons notre dispositif propriétaire avec des ressources externes telles que de l’analyse financière indépendante sur les sociétés, des analyses macroéconomiques en temps réel et des outils d’agrégation d’états financiers et de nouvelles.
Enfin, nous construisons un portefeuille très diversifié pour limiter le risque idiosyncratique et nous ajustons en permanence nos expositions en fonction des risques.
En résumé, notre méthode pour éviter les entreprises fragiles repose sur un travail de terrain, une analyse crédit propriétaire et disciplinée, et une profonde connaissance des entreprises que nous finançons. C'est cette approche sélective et de conviction qui nous permet de construire des portefeuilles obligataires de haute qualité, capables de traverser les cycles de marché.
- Comment avez-vous intégré les opportunités du marché primaire et quels critères vous conduisent à retenir ou écarter une émission ?
Cette première partie d’année est particulièrement dynamique en ce qui concerne les émissions obligataires notamment en Europe. Nous avons été très actifs sur le marché primaire à tel point que les obligations émises en 2025 représentent 40% du portefeuille.
Nous avons deux règles d’or qui nous conduisent à investir dans une nouvelle émission :
- Nous devons avoir une forte conviction fondamentale sur l’entreprise et ses capacités à rembourser la dette
- L’émission doit impérativement offrir une prime par rapport au rendement des obligations comparables sur le marché secondaire
Grâce à une grande sélectivité et une discipline stricte sur les niveaux de rendement proposés, les nouvelles émissions ont contribué significativement à la performance du fonds au premier semestre. A titre d’exemple, nous avons investi dans les nouvelles émissions suivantes : DoValue, Opella, Clariane, Benteler, Urbaser.
- Comment articulez-vous le portage obligataire avec la recherche de rendement et le contrôle du risque de crédit ?
Nos décisions d’investissement sont constamment dictées à la fois par une conviction fondamentale et par une estimation précise de la juste valorisation d’un instrument. Lorsque notre analyse financière détaillée conduit à une opinion favorable, celle-ci est systématiquement complétée d’une analyse de valeur relative qui permet de déterminer le bon niveau de spread compte tenu du risque de crédit.
Nous limitons ainsi le risque de crédit par une analyse fondamentale approfondie et un suivi très régulier des résultats des entreprises. Et nous optimisons la recherche de rendement en étant très disciplinés sur les valorisations d’entrée et de sortie de nos positions.
- Comment intégrez-vous les instruments de couverture dans votre stratégie globale pour contenir la volatilité ?
Nous utilisons de manière tactique et ponctuelle des instruments de couvertures simples permettant de protéger le portefeuille contre les risques de taux et de spread.
A titre d’exemple, considérant les valorisations un peu chères, nous avons récemment initié une position de CDS (Credit Default Swap) sur indice Xover qui permet de réduire le risque d’écartement des spreads du marché High Yield.
- Un point sur la performance depuis le début d’année et le YTM ?
La performance YTD est de 3,4% au 1er septembre vs 2% pour son indice de référence. Le YTM est de 4.4%.